Zoom sur la montée du street art

Quelle définition pour le street art ?

Il s’agit d’un mouvement artistique dont nous entendons parler plus largement depuis quelques années. Pourtant celui-ci a une histoire ancrée loin dans le temps et nous avons une représentation pas toujours précise. Cependant des filières professionnelles de l’art contemporain s’intéressent de très près à son image et son potentiel commercial.

Dans une approche globale nous pouvons dire que le street art est un art axé sur la vision de ses spectateurs qui prend vie dans les lieux publics : murs, parcs, gares, etc. Il est un de ces modes d’expressions culturelles qui avait pour vocation de transmettre un message prenant sa source dans un contexte socioculturel d’une manière souvent considérée comme hors norme, non conventionnelle, subversive voire illégale. Le street art est un médium privilégié encore à notre époque pour les artistes contestataires. Mais pas uniquement.

Le street art prend forme grâce à différentes techniques et supports. Le graffiti traditionnel est sûrement le plus connu. La sculpture, le sticker art, la projection vidéo ou encore le pochoir font partie de l’arsenal illustratif du mouvement. Le mobilier urbain est un fantastique support créatif à détourner. L’idée est d’aborder un ou des thèmes sociaux directement avec les gens dans leur milieu naturel. L’art urbain possède ses propres codes esthétiques tout en cherchant à se libérer des carcans traditionnels voire de ses propres règles.

Les sources du street art

Les années 60 puis 70 ont vu l’émergence de l’art urbain tout d’abord aux Etats-Unis puis rapidement en Europe. Il était l’expression contestataire d’un monde économique et social en plein bouleversement. Les premiers tableaux urbains font leur apparition dans les rues de Philadelphie dans les années 60. Un vent d’émancipation des galeries d’art conventionnelles vers la rue. L’Europe suit la mouvance avec des œuvres d’art dans les rues de Paris pendant mai 68 par exemple. Ou encore dans les rues de Londres avec Camden Lock dans les années 80. Ou lors du symposium international de la sculpture de Grenoble de 1968 qui a vu naitre des œuvres au beau milieu de la ville.

A son émergence et encore plus aujourd’hui l’art urbain s’approprie le décor et le transforme en un vecteur multicouche de son message. Le XXIè siècle conduit le street art dans une dimension quasi métaphysique et introspective puisque son intégration au patrimoine culturel contemporain lui a donné une visibilité et une crédibilité institutionnelles internationales. Il s’invite dans les lieux abandonnés à l’origine tels les musées et les galeries d’art.

La déferlante street art

Ces 20 dernières années ont vu grossir l’importance de l’art urbain dans le panorama de l’art contemporain. Les nombreuses sources d’inspiration des artistes comme la bande dessinée ou encore la publicité et le cinéma ont permis une acculturation totale et une intégration réussie dans un univers très codifié. Les milieux variés dont viennent les artistes urbains ont énormément influencé cette avancée culturelle.

Des figures de proue ont su dompter la crête de la vague. A l’instar de Bansky et ses nombreuses œuvres Invaders dans plusieurs grandes villes du monde. L’utilisation du cinéma, de mise en scène LED à grande échelle ou la création de parcours street art dans les lieux de vie ainsi que la thématique du non conventionnalisme à l’aide de médias qui le sont donnent une profondeur et une portée quasi universelle. Des Etats-Unis et de l’Europe le street art s’est réinventé en Asie avec une version marquée par cette autre culture. Bangkok en est le fier fer de lance.

L’institutionnalisation de cette expression artistique a débuté dans les années 2000. De nombreux lieux culturels lui ont dédié leurs espaces. Space Invader a fondé la Base 01 dans le 13ème arrondissement de Paris en 2003. Bansky a sorti un film à grand succès en 2010. Des rétrospectives se tiennent aux quatre coins du monde. Le festival MURAL de Montréal se renouvelle depuis 2012. Il est question d’une démocratisation globale et d’une acceptation par beaucoup du phénomène et de son importance dans l’Art.