BACK TO THE 60’S AVEC METRONOMY

Hier, le Caribana Festival fermait les portes de sa 25e édition avec un succès retentissant ! La dernière journée du festival, sold out depuis quelques semaines déjà, a accueilli le chanteur Mika qui a fait fureur au sein d’un public de toutes générations confondues. Et comme à son habitude, le showman a mis une ambiance enjouée et festive en ce dimanche après-midi et a fait chanter les plus petits jusqu’au plus grands sur ses tubes que l’on connaît par cœur. Une fin triomphante donc pour le Caribana qui a atteint un record d’affluence avec pas moins de 35’000 visiteurs sur les 5 jours de festival.

Une autre soirée qui affichait complet était celle très groovy du jeudi où nous avons rencontré Joseph Mount, le leader du groupe Metronomy, quelques heures avant sa montée sur scène, dans un cadre idyllique au bord du lac Léman. Depuis 10 ans, le groupe pop anglais s’est formé un univers bien à lui autant au niveau de son look que de ses chansons aux sonorités déroutantes. Il aura fallu attendre la sortie de l’album « The English Riviera » en 2011 pour que le groupe fasse l’unanimité parmi le grand public et se fasse connaître dans le monde entier. Trois ans plus tard, Metronomy produit un nouvel opus dans un style rétro pleinement assumé, comme un retour à ses débuts dans l’électro expérimental, et qui le hisse au rang de groupe pop de référence. Ainsi, son succès ne fait qu’augmenter depuis un an de tournée et c’est par le Caribana que les musiciens commencent, cette année, la saison des festivals tout en travaillant sur leur prochain album. Une affaire à suivre de très près…

Votre 4e album « Love Letters » a été enregistré dans un ancien studio dans l’Est de Londres, pourquoi ce choix ?

Le studio a été créé dans les années 90 mais tout le matériel provenait des 60’s ! La façon dont les artistes enregistrent leur musique aujourd’hui a beaucoup changé et c’était un moyen pour moi d’expérimenter cet équipement vintage avant qu’il ne soit complètement dépassé… même si, au fond, il l’est déjà ! Je suis très intéressé par les anciens enregistrements et cet album était l’occasion de satisfaire mon côté « geek ». Mon désir était de créer mes morceaux d’une façon plus pure et ainsi de revenir à la source de la musique pop.

Cet univers rétro-pop se ressent jusque sur la pochette de l’album, est-ce l’identité qui correspond le mieux à Metronomy ?

Oui, pour cet album c’était très clair. Lorsque l’on travaille de cette façon un peu obsolète, dorénavant, il faut soit être un groupe de rock authentique ou alors jouer sur cette image un peu « démodée ». Tout l’album, de la présentation jusqu’aux chansons, est supposé être influencé par les 60’s et la manière dont nous avions composé la musique devait se faire ressentir sur tous les niveaux. Les morceaux que j’ai écrits pour cet album ont aussi été pensés pour ce cadre spécifique. Donc oui, dans ces morceaux, on pourrait presque parler de pop rétro-futuriste, ce qui est plutôt paradoxal, mais je voulais vraiment en faire une expérimentation.

Vos morceaux ont souvent une mélodie entraînante et excentrique, pourtant les paroles sont plutôt tristes… Les chagrins d’amour, la mélancolie, les regrets, sont-ils des thèmes qui vous parlent ?

Dans un sens oui, mais je n’ai pas commencé dans la musique par écrire des chansons. La première chose que j’ai faite quand j’ai dû mettre des mots sur mes compositions, c’est d’utiliser des thèmes auxquels je suis sensible et dans la musique pop, il y a aussi cette belle tradition de cœurs brisés, j’ai donc emprunté un modèle qui était déjà présent. Si vous écrivez des bons morceaux pop, il y a souvent une juxtaposition entre des mélodies heureuses et des paroles plutôt tristes. C’est juste une façon de traduire ce que ressentent les gens au quotidien, des hauts et des bas qui composent notre expérience humaine.

Votre voix semble différente de votre précédent album « The English Riviera », qu’est-ce qui a changé depuis ?

J’essaie juste de devenir meilleur ! (rires) Toute la mise en place de l’enregistrement et son contexte font que ma voix est censée être mise à nu et exposée. La production de musique maintenant est toujours faite à la perfection, des voix parfaites et une réalisation parfaite, alors je voulais quelque chose de simple, pas imparfaite, mais vraie ! J’ai commencé à enregistrer un nouveau disque et je pense que les voix sont bien plus extravagantes… J’essaie toujours de devenir meilleur et j’espère que vous le remarquerez aussi !

Après une année à promouvoir votre album dans le monde entier, comment le public réagit-il à ce 4e album ? A-t-il évolué depuis vos débuts ?

Plutôt bien je dois dire ! Vous savez, ce n’est pas l’album le plus facile à écouter… « The English Riviera » est l’album que le public connaît et qui contient nos plus grands hits, alors les gens attendaient beaucoup de ce nouveau disque qui est, je pense, différent de ce qu’ils imaginaient. Tout le monde a pourtant bien réagi et les fans de Metronomy ont compris la raison d’être de cet album. Et maintenant les nouvelles chansons sont très populaires en live, ce qui est encourageant. Le public est en changement continuel, et pour moi les plus difficiles à impressionner est la nouvelle génération ! Dans nos concerts, je vois encore beaucoup de jeunes en premier rang ce qui veut dire qu’on est encore cool, non ? (rires)

« Love Letters » a été bien accueilli par les critiques à sa sortie, quelle a été votre réaction ?

Je m’arrête la plupart du temps sur les critiques négatives et j’ignore les positives. Dans un sens, en créant un album, on l’aime de tout son cœur et on pense que tout le monde va l’aimer. Donc quand ce n’est pas le cas, on veut savoir pourquoi ! Mais j’ai commencé à penser ma musique en termes de régions ; dans les pays que j’aime, tout le monde a compris ma musique et les critiques ont été très positives alors que les négatives venaient d’endroits que je n’aime pas tellement. Chacun y trouve son compte !

Vous continuez votre tournée dans une série de festivals cet été en Europe, l’expérience est-elle différente des concerts où le public vient uniquement écouter votre musique ?

C’est très différent, et tout dépend aussi de l’endroit où se déroulent les festivals ! Lorsque l’on vient dans un endroit comme le Caribana, l’atmosphère et l’attitude des gens sont prévues pour s’amuser et profiter, donc je ne peux qu’y prendre du plaisir. Dans un concert, c’est beaucoup plus évident de savoir pourquoi le public est venu alors que dans un festival, on ne sait jamais si les gens se sont déplacés pour nous voir nous, il faut donc essayer de leur procurer le plus de fun possible !

Quels sont vos projets pour la suite ? Avez-vous déjà commencé à travailler sur votre prochain album ?

Nous sommes déjà en train d’enregistrer notre prochain album en ce moment. Comparé à l’année passée, nous avons beaucoup moins de festivals prévus alors la période est plutôt détendue, ce qui est une bonne chose ! Nous allons donc essayer de finir ce nouveau disque et de le sortir bientôt, l’année prochaine si tout se passe bien. Vous aurez encore le droit à beaucoup de surprises… (sourire)